Gena Rowlands, l’actrice légendaire qui est devenue l’un des premiers visages majeurs du cinéma indépendant américain grâce à ses collaborations avec son défunt mari John Cassavetes, est décédée à l’âge de 94 ans.

Rowlands, qui souffrait de la maladie d’Alzheimer, est décédée mercredi 14 août dans l’après-midi à son domicile d’Indian Wells, en Californie, selon plusieurs médias. Aucune cause de décès n’a été précisée.

Née à Cambria, dans le Wisconsin, en 1930, Rowlands a commencé à jouer dans des productions théâtrales dans les années 1950, progressant progressivement du théâtre régional à Broadway avant de devenir une présence régulière à la télévision. À la fin de la décennie, elle était fréquemment à la tête de téléfilms et faisait des apparitions dans des émissions de grandes chaînes.

En 1954, Rowlands épouse John Cassavetes, qui deviendra son plus important collaborateur. Rowlands joue dans dix films écrits et réalisés par Cassavetes, dont beaucoup sont autofinancés et tournés rapidement avec des amis proches entre deux contrats importants. Leurs films se caractérisent par leur réalisme social sans fard, leurs dialogues improvisés et leurs longues scènes qui obligent les acteurs à porter le poids de la narration. Leur travail pose les bases du cinéma indépendant américain tel que nous le connaissons aujourd’hui, fournissant à la fois un modèle économique et une inspiration artistique à d’innombrables cinéastes qui ont ensuite réalisé leurs propres films en dehors du système des studios.

Le premier film de Rowlands avec Cassavetes fut « Un enfant attend » en 1963, dans lequel elle jouait le rôle d’une mère divorcée obligée de renouer avec un enfant qu’elle avait abandonné en adoption, aux côtés de Judy Garland et Burt Lancaster. La sortie du film par United Artists a provoqué des frictions créatives et financières entre Cassavetes et ses bailleurs de fonds, ce qui a incité le couple à se tourner vers des productions plus indépendantes. Ils ont refait équipe en 1968 pour le film « Faces », un film influent du Nouvel Hollywood dans lequel Cassavetes s’est enhardi à explorer ses tendances naturalistes, Rowlands jouant un rôle secondaire clé en tant que call-girl fumeuse invétérée et buveuse excessive qui est trop heureuse de voir un mariage imploser.

Rowlands a rapidement commencé à jouer des rôles principaux dans les films de son mari. Dans « Minnie et Moskowitz » de 1971, elle a joué le rôle de la conservatrice de musée éponyme qui a du mal à s’adapter à l’âge mûr au milieu d’une relation abusive. Elle a obtenu sa première nomination aux Oscars en 1974 pour « Une femme sous influence », le film phare de Cassavetes dans lequel elle a livré une performance magistrale dans le rôle d’une femme au foyer de Los Angeles en train de devenir folle. Le film s’est avéré être un moment déterminant dans la carrière respective du couple, la performance de Rowlands étant considérée par beaucoup comme l’un des rôles les plus marquants de l’histoire du cinéma.

Elle a continué à collaborer avec Cassavetes jusqu’à sa mort en 1989, avec d’autres moments forts, notamment son rôle d’une actrice de théâtre vieillissante aux prises avec sa carrière en déclin dans « Opening Night » en 1977 et son rôle nominé aux Oscars dans le rôle d’une femme échappant à la mafia dans « Gloria » en 1980.

Rowlands est restée une actrice prolifique tout au long de sa vie, jouant notamment dans des films tels que « Another Woman » de Woody Allen en 1988 et « The Notebook » de son fils Nick Cassavetes en 2004. Elle a remporté quatre Primetime Emmy Awards au cours des années 2000 pour diverses apparitions à la télévision. Son dernier rôle a eu lieu dans le film « Six Dance Lessons in Six Weeks » de 2014. En juin 2024, sa famille a révélé que Rowlands luttait contre la maladie d’Alzheimer depuis cinq ans.

Rowlands laisse dans le deuil ses trois enfants, Nick, Alexandra et Zoey Cassavetes.